Depuis quelques jours, j'apprends ce que j'avais oublié depuis trop longtemps, je recolle les morceaux uns à uns.
Tous les matins, je me lève avec le soleil ; quel plus bel hommage et quel plus belle attention peut-on accorder à celui qui nous apporte la lumière et la vie tous les jours ? Tous les matins, sans jamais se plaindre, les rideaux se lèvent, et il nous offre son spectacle, magnifique, timide et silencieux ; tous les matins, devant une poignée de personnes seulement, il nous inonde de son amour et de sa bienveillance, ne faisant jamais aucun reproche à ceux qui se lèvent plus tard, juste après que le spectacle ait perdu de sa lumière, en disant : "et allez, c'est reparti, encore une putain de journée ; et en plus y fait pas beau". Au contraire, il offre, même aux retardataires, la possibilité d'assister à la représentation du soir, que nous louperons aussi par ... manque de temps ...
Le soleil me fait penser au petit Pépino dans le film "Les choristes" qui attend tous les samedis que quelqu'un vienne le chercher au bout du chemin. Personne ne vient mais il revient toute les semaines, patient, n'en voulant à personne.
Tous les matins, j'ai aussi pris l'habitude, après avoir salué le soleil, de faire un tour dans mon jardin ; j'écoute les oiseaux, je dis bonjour aux fleurs timides qui dévoilent enfin, après plusieurs jours de préparation secrète, le costume qu'elles ont mis tant de tant à confectionner, pour nous. Ma petite chatte est ravie que je fasse ça ; elle m'accompagne tous les matins en sautant dans tous les sens, comme si je lui offrais ... la Lune ...
Je m'aperçois que ça n'est pas elle qui me suit, c'est moi qui reproduit ce qu'elle fait instinctivement tous les matins juste après s'être réveillée : elle va se reconnecter avec l'essentiel, elle va saluer et remercier ce tout auquel elle appartient, elle va faire allégeance et témoigner de son respect.
Depuis quelques jours, je me sens rempli de tout ça, de tout ce qui ne s'achète pas, de cet essentiel que nous perdons de vue tout au long de la vie.
Nous pouvons analyser, chercher du sens, essayer de comprendre tout ce qui arrive, mettre en fusion nos cerveaux d'humains, c'est compréhensible et se sera peut-être même salvateur. Mais nous devons aussi et surtout prendre conscience que notre cœur est la résidence de l'esprit, et que le cerveau n'est qu'un écran. Nous devons réapprendre à voir plutôt que de regarder, à écouter plutôt que d'entendre.
Nous devons recréer ce lien qui unit notre corps, cette cathédrale, ce temple unique, à notre esprit, ce rayon lumineux dépositaire de toute la lumière de l'univers. Nous devons réapprendre à suivre notre instinct, à accorder toute notre attention et notre confiance à notre ressenti, à élever ces capacités au-dessus de l'intellect.
Alors nous reprendrons conscience de notre appartenance à la nature, à l'univers, à ce tout lumineux qui n'a ni frontière, ni couleur de peau, ni signes de richesse, ni jugement.
L'exercice n'est pas difficile, ce qui est difficile, c'est d'imposer à l'égo de faire le deuil, d'accepter le caractère infinitésimal de notre existence, à l'image de toutes les autres, mais qui est également précieuse, unique et indispensable, et qui participe à sa mesure à un tout cohérent.
Profitons de ce repos de l'esprit pour accueillir notre petit Pepino et le prendre dans nos bras.
Alors cette expérience se transformera en richesse, et nos cœurs s'ouvriront et se rejoindrons dans la lumière.
J'ai foi en cette perspective, car elle est plus qu'une perspective, et est notre salut, elle est ce que nous offre l'univers pour qu'enfin nous comprenions. Je suis Pepino :)
Arnaud Korn - mars 2020
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