Maladies émergentes

« Les maladies émergentes : l’homme victime et coupable »

Tous les médecins le constatent et le déplorent, quel que soit le système médical qu’ils pratiquent : les causes des maladies et les maladies elles-mêmes évoluent.

Dans le Su Wen (500 ans avant JC), ouvrage de référence de la MTC, il est précisé que : « le ciel déséquilibre l’homme par les climats, la terre par l’alimentation, et l’homme par le mental ». C’était sans compter sur la capacité de l’homme à lui-même intervenir sur son environnement, à le modifier et le rendre malade.

Aujourd’hui, les cycles naturels, sont perturbés, les équilibres subtils qui régissent la vie sur terre, et donc notre santé, sont modifiés.

On parle désormais de maladies émergentes ou maladies sociétales. Leur étiologie n’est plus seulement la conséquence d’une modification climatique exceptionnelle comme pourraient l’être un été caniculaire, une tempête ou un épisode cévenol, d’une pénurie alimentaire liée à une saison trop sèche ou trop humide, ni même aux 7 émotions que cite la MTC.

A ces causes « classiques » s’en sont greffées d’autres plus profondes et plus insidieuses, que la nature et même nos organismes n’ont pas été préparés à affronter, et pour lesquelles ils n’ont pas encore de réponse « programmées » : pollutions environnementales diverses, modifications biochimique et électromagnétique de l’eau de boisson et donc de l’eau du corps, perturbateurs endocriniens, perturbateurs électromagnétiques, modifications chimique de notre alimentation, appauvrissement des sols…

Nos activités entropiques sont en grande partie responsables de ces maladies émergentes et il nous appartient aujourd’hui de les modifier, tant pour les comprendre et les soigner, que pour réparer ce que nous avons détruit.

Il est de notre responsabilité de prendre conscience de cette pensée inuit : « Traitez bien la terre : elle ne vous a pas été donnée par vos parents, elle vous a été prêtée par vos enfants ».

Nombre de patients viennent consulter car ils sont pris dans les méandres d’une errance thérapeutique qui échappent même aux solutions que peut proposer notre système médical occidental. La solution est ailleurs, la solution est dans l’information et la sensibilisation du public et des patients, dans l’éducation des enfants, dans l’accompagnement et le conseil des entreprises et des collectivités. La solution n’est plus de soigner ce qui est malade, l’urgence est maintenant de changer en profondeur nos pratiques et nos habitudes pour construire un système de santé qui aura comme fondements des pratiques respectueuses de l’environnement, et la prise en compte d’éléments de bon sens dans nos vies de tous les jours : diététique, activité physique, qualité de l’eau et de l’air, qualité des matériaux utilisés et des produits consommés, vision globale de la santé, philosophie de vie.

Avec le métier de « praticien consultant en santé durable », la CNPSD prend le pari d’aller plus loin que la vision globale du soin, en s’inscrivant dans une démarche globale de la santé.

Les patients sont en quête de réponses, plus seulement en quête de traitement. Ils ont pris conscience malgré eux, à l’occasion de maladies nouvelles et orphelines, qu’ils ne contrôlent plus rien de leur parcours de santé. Ils ont besoin de mettre des mots et du sens à leur pathologie, d’avoir de l’information et un dialogue avec un interlocuteur qui soit un praticien de santé, mais également un personne ressource qui puisse l’aider à décortiquer et apporter des explications à l’anamnèse, proposer des pistes pour entreprendre les changements nécessaires à une nouvelle existence respectueuse de leur organisme.

De plus en plus, les patients prennent conscience qu’ils n’ont pas une maladie, mais qu’ils sont malades, et que cette subtilité les inclut de facto dans le traitement, et nécessite des changements profonds de leur part, une implication dans leur vie quotidienne, dans leurs habitudes.

Les praticiens consultants en santé durable auront cette mission d’accompagnement et d’information, auprès des patients mais également auprès du public, ils seront ces allumeurs de réverbères qui manquent au paysage de santé en France. Tout est à construire…

Arnaud Korn - janvier 2019

Praticien en Médecine Traditionnelle Chinoise, praticien santé durable.

Source : article de la newsletter de la Frapna Ardèche de décembre 2019.